L’Alsace française
Le XVII ième siècle fut pour l’Alsace, un temps de guerre et de malheurs, qui provoquèrent la décadence économique et démographique, et l’anéantissement de la vie culturelle.
L ‘événement le plus terrible fut la guerre de Trente ans (1618 à 1648). Cette guerre correspond à la violente opposition entre les catholiques et les protestants. En 1608, les princes protestants forment l'Union Évangélique, soutenue par Henri IV, à laquelle Strasbourg, Wissembourg et Landau adhèrent. Les catholiques, quant à eux, forment la Sainte Ligue, dans laquelle nous trouvons l'évêque de Strasbourg et le grand Bailli de Haguenau.
Le Protestant Mansfeld saccage la basse Alsace pendant un an à partir de 1621.
Au cours de cette période, les suédois remportent des victoires contre l’Allemagne et envahissent l’Alsace en 1632. Ils restèrent jusqu'en 1634
Suite à des alliances des comtes locaux avec la France et à son intervention une partie de l’Alsace se trouva aux mains du roi très chrétien de France
Victimes des batailles, des passages soldatesques (1635 et 1648), des famines et épidémies de pestes (1631, 1633 et 1637), l'Alsace a perdu entre 40 et 50% de sa population.
Après le traité de Westphalie du 24 octobre 1648, une grande partie du sud de l’Alsace fut française et quelques zones dans le nord. Strasbourg garde son indépendance.
Ce traité, entre la France et l’Empire germanique, comportait des clauses ambiguës, qui furent jusqu’à des temps récents le germe de nombreux et profonds malheurs pour les Alsaciens, entraînant des controverses amères et des conflits sanglants entre la France et l’Allemagne.
Au lendemain du traités de Westphalie :
- les indemnités dues par l’Alsace aux suédois étaient trop importantes,
- le duc de Lorraine qui n’avait pas retrouvé son duché, continua la guerre et envahit l’Alsace,
- en 1652, le comte d’Harcourt, très lié avec la Fronde, essaya des négociations avec la couronne espagnole, pour rattacher l’Alsace à l’Espagne. Ce qui fut un échec.
Le 25 février 1752, le prêteur royal de Strasbourg, Klingin est arrêté et emprisonné pour corruption et détournement de patrimoine de la ville de Strasbourg. Cette affaire est retentissant, car Klingin confond les revenus de la ville et les siens. De plus, ces malversations sont entretenues par la "conspiration du silence".
La mise en place de Charles Colbert de Croissy par le roi de France en 1655 assainie la situation afin que les alsaciens adhèrent à la couronne française avec la création du « Conseil Souverain d’Alsace » qui était un organe de justice et devint en 1658 la haute juridiction royale pour tous les territoires alsaciens.
Les 10 villes impériales d’alsace (Colmar, Haguenau, Wissembourg, Munster, Obernai, Rosheim, …) était dans une situation ambiguë, car selon le traité, elles restaient villes impériales et donc continuer à dépendre du Saint Empire romain germanique, et devaient également, se soumettre au roi de France comme bailli.
C’est seulement en 1672, que le roi de France obtient le droit de protection sur les 10 villes et pas la suzeraineté.
Suite au conflit avec les impériaux, qui se préparait, en 1673, Louis XIV vint en Alsace et fit détruire plusieurs remparts de villes impériales. Le vicomte Henri de Turenne, Maréchal de France (1611 - 1675) suite à des manoeuvres défait les Brandebourgeois à Turckheim, le 5 janvier 1675.
En février 1679, l’Empereur Léopold I et Louis XIV signèrent le traité de Nimègue qui confirmait les traités de Westphalie.
Suite aux différents accords, serments et édits, l’Alsace devint complètement française en 1680, sauf Mulhouse, qui faisait partie de la Confédération Suisse, et Strasbourg.
Louvois et Montclar, militaire de Louis XIV, marche avec trente mille hommes et prirent la ville de Strasbourg en septembre 1681, sans verser de sang. Suite à sa capitulation, Strasbourg conserve le titre de "ville libre royale" et Louis XIV fait son entrée solennelle 3 semaines plus tard. Le roi parcoura l'Alsace en 1683.
Dans les années qui suivirent, les impériaux essayèrent par divers moyens d’obtenir le territoire alsacien, mais ils ne réussirent pas. Les divers traités, dont le dernier en 1714, confirmèrent que la France garde définitivement l’Alsace. Celle-ci devint une province française avec ses us et coutumes et put se relever rapidement.
Une politique agressive se mit en place vis à vis des protestants :
- en 1685, une ordonnance exige que tous les baillis, prévôts et greffiers professent la foi catholique (conversion des élites),
- en 1687, dans les villes protestantes, en cas de vacance d'un membre du magistrat ou d'un employé de la ville, le recrutement s'effectue sur une personne de l'autre confession,
- en 1684, la présence de sept familles catholiques dans un village entraîne l'attribution du choeur des églises (Simultaneum).
En 1688/1689, les troupes de Louis XIV continuèrent la guerre dans le Palatinat, en effectuant un ravage et les habitants furent transplantés, parfois jusqu'en Alsace.
La longue période de paix du XVIIIe siècle permit le développement du pays. C’est de cette période que vint le développement de l’agriculture, des maisons à colombage, du costume traditionnel, etc.
Avant la révolution française, le mécontentement vit à vit de la royauté augmentait en Alsace comme dans le reste de la France.
L’édit royal du 22 juin 1787 organisa des Assemblées Provinciales dans les régions non pourvues d’État Provinciaux, avec au-dessous d’elles, les Assemblées de Districts.
En Alsace, l’Assemblée Provinciale se composait de 24 membres (6 du clergé, 6 de la noblesse et 6 du tiers état). Elle était présidée par Jean-Baptiste de Flachslanden, bailli de l'ordre de Malte.
Les États Généraux de 1788 empêchèrent l’Assemblée de siéger.
Voir également pour cette période : le repeuplement de l'Alsace après la guerre de trente ans